Revue de presse

13 Février 2025

Dans "Le Trégor" du 13 février 2025, Marcel Le Toiser réapparaît parmi nous à travers un article écrit en breton par son ami, Gireg Konan.

Traduction par Jérémie Raguet

Marcel Le Toiser, peintre
Parmi les artistes, peintres et sculpteurs de l’après-dernière guerre mondiale, il y a Marsel an Toazer, Marcel Le Toiser. Il était natif de Perros.
Restez bien sur le côté
La brouette rouge est arrivée !

Marcel Le Toiser criait ça au centre du bourg, là où il habitait, lorsqu’il devait sortir car en été la route était souvent bloquée par les touristes devant sa maison. Il aimait sa voiture de sport rouge. La plupart de celles qu’il a eues étaient rouges comme ses idées, disait-il.
Et il maîtrisait suffisamment le breton pour trouver un slogan à la rime aussi fluide ? Pour sûr, puisqu’il l’avait appris petit avec d’autres enfants du pays, car à cette époque le Breton était partout à Perros. Devenu adulte, il ne parlait plus la langue de ses parents aussi souvent qu’au temps de son enfance, l’avant-guerre de 14. Il était né en 1907, mais il connaissait suffisamment le breton pour discuter dans notre langue avec n’importe qui, qu’il fût de Louannec, pays de sa mère, ou du Dresnay, pays de sa femme.
Une fois accompli son service militaire, il devint instituteur laïc comme son père, et en 1931 il fut nommé à Trédarzec. Ensuite il fut envoyé à Pontrieux, Plougonver et Plounévez-Moédec, jusqu’en 1944. Hélas, à la fin de la guerre on lui reprocha d’être Breton, trop Breton bien sûr, puisqu’il était membre du Parti National Breton. Il était certainement contre un État centralisé et un défenseur de notre culture et de notre langue. En outre, il était ennemi des fascistes, comme par exemple De La Rocque et ses miliciens. On lui retira donc le droit de travailler comme instituteur ainsi que celui de vivre en Bretagne pendant 10 ans. Il reçut alors un vrai secours de sa femme, Renée Boizumeau, du Dresnay. Quand il fut mis en prison en 1944, il reçut une lettre d’elle et voici ce qu’elle écrivait : « Je t’écris pour couper la semaine, à toi comme à moi, et pour te dire fort, bien fort, que je t’aime mon Chéri, que je t’aime et que j’ai hâte, hâte de te voir revenir un jour près de moi. » Oui, très grand était leur amour. Hélas pour eux, ils n’eurent pas d’enfant ensemble. Renée mourut en 1965 à l’âge de 47 ans. Il souffrit de nostalgie pour elle jusqu’à la fin de sa vie.
Après la guerre, donc, il changea de métier et devint artiste : peintre et sculpteur. Il fallait bien qu’il vive. Il s’installa dans la maison de son père sur la place du bourg et devint connu. Son œuvre préférée était le chemin de croix de l’église de Perros, dont il fit 14 tableaux. De quel style était sa peinture ? Ses œuvres étaient un peu sombres. Il peignait à la manière des Fauves avec des contours noirs autour de tant d’éléments : les gens, les maisons et les arbres.
Marcel Le Toiser était un farceur. Chaque semaine il écrivait des anecdotes dans le Trégor à propos de gens qu’il connaissait, des informations sur son quartier vraies ou imaginées. Il signait ses textes Soez Galoche. Il était souvent d’humeur drôle, et j’en fus témoin au cours d’une visite chez lui. Nous ne fîmes que rire avec ses histoires d’instituteurs proches de leurs sous. Il est vrai que ceux-ci n’étaient pas bien payés autrefois. Il nous raconta aussi qu’une estafette de la police avait été jetée dans le Léguer par certains de ses jeunes amis ! Et un tas d’histoires du temps de la guerre et de son temps présent. Il n’y avait aucune méchanceté dans ses paroles, il ne se moquait que des gens trop sérieux qui pensaient défendre l’État. Il était devenu anarchiste dans sa vieillesse. Anarchiste, oui, mais aussi anticapitaliste (comme ses parents) et néanmoins attaché à la religion, un genre de spiritualité intérieure celte et chrétienne. Il nous racontait les aventures des garçons et des filles du « Figuier ». Un très grand figuier se trouvait devant le presbytère sur la place du bourg, un endroit où les enfants aimaient passer leur temps libre au moment où les figues étaient mûres. Ceux-ci aimaient jouer des tours aux autres personnes, mais, arrivés vieux à la fin de leur vie, ils étaient plutôt devenus un club de joueurs de cartes se réunissant une fois par semaine. Une des amies de Marcel, la docteure Lancien, née à Loguivy-Plougras comme sa femme et qui vivait près de chez lui, était membre de ce club. Marcel Le Toiser, homme de cœur, lui offrit un joli et grand tableau sur lequel on voyait la « Reine de Cœur » en forme de carte mais avec la tête de Madame Lancien. J’ai l’espoir que ce tableau soit resté à Perros car pour moi c’est quasiment un chef d’œuvre. Marcel Le Toiser était ainsi : affectueux, loyal, farceur, courageux et Breton de haut vol. Il mourut en 1982.

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