Renée Boizumeau (1918-1965), son épouse
« Petite compagne tant aimée » :
c’est ainsi que le peintre évoquait sa femme. Le témoignage filmé (2022) de Jeanne, voisine de Renée au Dresnay à Loguivy-Plougras (22), atteste de cette affection profonde unissant le couple qui n’eut pas d’enfant.
A la Libération, alors qu’il est incarcéré à Langueux (22), Renée lui confie : « Je t’écris pour couper la semaine à toi comme à moi et pour te dire fort, bien fort, que je t’aime mon Chéri, que je t’aime et que j’ai hâte, hâte de te voir revenir un jour près de moi ».
La copie des correspondances après la disparition de Renée (28 septembre 1965) révèle la douleur de Marcel : « Elle s’est éteinte en dormant, confiante en l’avenir, faisant encore des projets. C’est une bénédiction du ciel qu’elle ait gardé jusqu’à la fin son bon sourire ».
La solitude : « Il me reste le travail et c’est la meilleure des diversions, la lecture tard le soir, quelquefois la télévision et puis il faut le dire la visite des amis ».
Le souvenir : « Nous nous sommes connus le 1er mai et mariés le 1er juin 1939… Nous tirions vanité, l’un et l’autre, de la rapidité de nos sentiments réciproques, de la conscience immédiate de nos caractères plus complémentaires que semblables et après un bout de chemin long de 27 ans, nous constations combien nous avions eu raison de le faire ensemble ».
La nostalgie : « L’hiver, nous prenions la voiture et partions n’importe où. Les itinéraires inconnus des touristes et de nous-mêmes nous valaient des découvertes, des émerveillements. Sur le chemin du retour, nous chantions (Dieu sait si je chante faux !) les cantiques bretons appris au catéchisme ».
La peinture : « J’ai fait de Renée plusieurs portraits dont j’ai orné la maison mais plus en hommage à sa mémoire que par besoin d’apercevoir son visage, sa silhouette, son sourire, ses gais propos. Tout cela ne cesse d’être présent. L’image de la mort s’estompe et de plus en plus je la sens vivre près de moi. Nous allons Kaisic, notre chien, et moi chaque matin au cimetière. C’est notre première promenade ».
Le foyer : « Mon emploi du temps m’interdit toute absence prolongée. Au reste, je dois dire que, pour l’instant, je suis incapable de quitter « Notre maison », j’aurais l’impression d’abandonner Renée ».
L’avenir : « Replié sur moi-même, il ne me reste plus qu’à vieillir tranquillement en travaillant de plus en plus. 27 ans de bonheur : comparé à d’autres peut-être ai-je encore eu la meilleure part et dois-je en remercier Dieu ».
L’amitié : « Le soir, les amis viennent me voir et les fins des journées sont moins tristes. Il arrive que l’on rit quelquefois et j’en suis le responsable car on me pousse à raconter de vieilles histoires ou ma jeunesse, pas toujours édifiante, Le Dresnay, la Libération sont les thèmes favoris… Il doit m’arriver de me redire mais on me fait l’amitié de m’écouter ! ».